Le son-montuno est un sous-genre du son cubain qui est le genre le plus important de la musique populaire cubaine.
A l’origine, le terme «montuno» renvoyait probablement à ses racines dans les régions montagneuses de l’est de Cuba. Finalement, il a été utilisé pour décrire la section finale responsorielle du son caractérisée par l’alternance du chœur et des réponses improvisées.
Arsenio Rodríguez a révolutionné le son-montuno. Il a par exemple introduit l’idée de superposition de guajeos (ostinato mélodique typiquement cubain) – une imbrication de plusieurs parties contrapuntiques. Cet aspect de la modernisation du son peut être considéré comme une «ré-africanisation» de cette musique. C’est une pratique courante pour les treseros de jouer une série de variations de guajeos pendant leurs solos. Peut-être était-il naturel pour le maître tresero Arsenio Rodríguez de concevoir l’idée de superposer ces variations l’une au-dessus de l’autre.
Pendant les années 1940, l’instrumentation du conjunto était en plein essor, tout comme l’étaient les groupes utilisant l’instrumentation du «jazz-band» (ou big-band) dans leur orchestre. Les guajeos pouvaient être répartis entre chaque section d’instruments comme les saxophones et les cuivres ; cette division s’est accentuée, avec trois riffs indépendants ou plus pour les petites sections orchestrales. En adoptant les éléments polyrythmiques du son, les cuivres ont pris un rôle d’accompagnement similaire aux tumbaos de piano et aux guajeos de tres.
Mauleón, Rebeca 1993. Salsa Guidebook for Piano and Ensemble p. 155. Petaluma, California: Sher Music. ISBN 0-9614701-9-4.
Le développement du conjunto de son
La densité du tissu rythmique de la musique de Rodríguez a nécessité l’ajout de plusieurs instruments. Rodríguez a ajouté une deuxième, puis une troisième trompettes, donnant naissance à la section de cuivres latine. Il a eu l’audace d’ajouter la conga, instrument afro-cubain par excellence. Aujourd’hui, nous sommes habitués à voir des congas dans les orchestres latins, mais la pratique a commencé avec Rodríguez. Le bongocero utilise un grand «cencerro» (cloche) tenu à la main pendant la section montuno.
Guajeos de piano
Arsenio Rodríguez a accompli l’étape cruciale du remplacement de la guitare par le piano, qui a considérablement élargi les possibilités contrapuntiques et harmoniques de la musique populaire cubaine.
«Dile a Catalina», parfois appelé «Traigo la yuca» est peut-être la plus célèbre composition d’Arsenio. La première moitié du morceau utilise la méthode son/changüí qui paraphrase la mélodie vocale, mais la seconde explore de nouveaux territoires en utilisant du matériel contrapuntique ne reposant pas sur la mélodie de la chanson mais en utilisant un contrepoint basé sur des séquences de trois notes ascendantes.
Moore, Kevin 2009. Beyond Salsa Piano: The Cuban Timba Piano Revolution v. 1. Beginning The Roots of Timba p. 39. Santa Cruz, CA : Moore Timba. ISBN‐10 : 1439265844
Le guajeo de piano de «Dame un cachito pa ‘huele» (1946) écarte complètement à la fois le guajeo générique du son et la mélodie de la chanson. Le motif marque la clave en accentuant le temps faible sur la partie deux. Moore observe :
«Comme tant d’aspects de la musique d’Arsenio, cette composition miniature est en avance sur son temps de plusieurs dizaines d’années, il faudra attendre quarante ans avant que les groupes commencent à appliquer systématiquement cette variation avec beaucoup de créativité au niveau du processus d’arrangement des guajeos».
Moore 2009. p. 41
Tumbaos spécifiques de basse
Arsenio Rodríguez a apporté une nouvelle construction rythmique très solide dans le son. Ses compositions sont clairement basés sur le modèle de la clave, un mot espagnol pour «clé» ou «code».
Lorsque la clave est écrite sur deux mesures, comme indiqué ci-dessus, la mesure de trois coups est désigné sous le nom de «partie trois», et la mesure en deux coups en «partie deux». Lorsque la progression d’accords commence sur la partie trois, la chanson, ou une phrase est dite être en clave 3-2. Quand elle commence sur la partie deux, elle est en clave 2-3.
Les deux contretemps de la clave sont particulièrement importants parce qu’ils coïncident avec les deux pas syncopés dans le pas de base du danseur de son. L’accentuation collective et cohérente dans le conjunto de ces deux importants contretemps donne à la texture du son-montuno, son groove unique et a, par conséquent, joué un rôle important pour la capacité du danseur à ressentir la musique et la danse qui va avec.
Moore souligne que le conjunto d’Arsenio Rodríguez a inventé les tumbaos de basse sur deux cellules, allant au-delà de la structure uni-cellulaire du tresillo. Ce type de ligne de basse a un alignement spécifique avec la clave, et contribue mélodiquement à la composition. Le frère de Rodríguez, Raúl Travieso raconte que Rodríguez insistait pour que ses bassistes joue une ligne de basse chantante. Moore stipule que «Cette idée d’un tumbao de basse avec une identité mélodique unique à un arrangement spécifique est essentielle non seulement pour la timba, mais aussi pour l’école Motown, le rock, le funk, et d’autres genres importants». Benny Moré (populairement connu comme «El Bárbaro del Ritmo»), a fait encore évoluer le genre, en ajoutant la guaracha, le bolero et les influences du mambo, l’aidant à acquérir une extraordinaire popularité. Il est maintenant reconnu comme peut-être le plus grand sonero cubain.
Librement traduit et adapté depuis https://en.wikipedia.org/wiki/Son_montuno