Le cha-cha-chá est un genre de la musique cubaine. C’est aussi une musique de danse populaire qui s’est développé à partir du danzón dans le début des années 1950, et est devenu très populaire dans tout Cuba, au Mexique et à New York.
Origine
Comme genre de musique de danse, le cha-cha-chá est inhabituel en ce que sa création peut être attribuée à un seul compositeur, Enrique Jorrín, violoniste et compositeur de l’orchestre de charanga Orquesta América.
Pour expliquer comment le cha-cha-chá est venu, Jorrín dit :
«J’ai composé quelques danzones dans lesquels les musiciens de l’orchestre chantaient des refrains courts. Le public a aimé donc j’ai continué.
Dans le danzón «Constancia», j’ai inséré certains tumbaos bien connus et lorsque le public a participé en chantant les refrains, cela m’a conduit à composer plus de danzones dans ce style et j’ai demandé à tous les membres de l’orchestre de chanter à l’unisson. Ceci accomplit trois choses : les paroles étaient entendues plus clairement et avaient plus d’impact, et les [piètres] qualités vocales des musiciens [instrumentistes] (qui ne sont pas réellement chanteurs) étaient masquées.
En 1948, j’ai changé le style de «Nunca», une chanson mexicaine de Guty de Cárdenas. Je suis parti de la première partie dans le style original et j’ai donné un sentiment différent à la mélodie dans la deuxième partie. Je l’ai tellement aimée que j’ai décidé de séparer la dernière partie, c’est-à-dire le troisième trio ou montuno, du danzón. Puis j’en suis arrivé à des morceaux comme «La Engañadora» (1951 ), qui avait une introduction, une partie A (répété), une partie B, un retour à la partie A et enfin, une coda sous la forme d’une rumba.
Pratiquement depuis le début de ma carrière en tant que compositeur de chansons de danse, j’ai regardé comment les danseurs dansaient le danzón-mambo. J’ai noté que la plupart d’entre eux avaient des difficultés avec les rythmes syncopés, du fait que leurs pas tombaient sur le contre-temps, ou, en d’autres termes, les deuxième et quatrième croches de la mesure à 2/4. Pour les danseurs qui dansent sur le contre-temps et les mélodies syncopées, il est très difficile de coordonner les pas avec la musique. J’ai commencé à composer des mélodies avec lesquelles on pouvait danser sans accompagnement instrumental, en essayant d’utiliser au minimum la syncope. J’ai déplacé l’accent de la quatrième croche – où il se trouve normalement dans le mambo – vers le premier temps du cha-cha-chá. Et ainsi le cha-cha-chá est né – de mélodies qui étaient dansantes d’elles-mêmes et d’un équilibre entre les mélodies sur le temps fort et sur le contre-temps».
Depuis sa création, le cha-cha-chá a eu une relation symbiotique avec les pas que le public danseur a créé pour ce nouveau genre.
«Ce que Jorrín a composé, de son propre aveu, n’est rien d’autre que des danzones modifiés de manière créative. Le nom bien connu est né avec l’aide de danseurs [de la Silver Star Club à La Havane], qui, en inventant la danse associée au rythme, ont découvert que leurs pieds faisaient un bruit particulier tandis qu’ils frottaient le sol sur trois battements successifs : cha-cha-chá, et à partir de ce son, est né, par onomatopées, le nom qui a provoqué chez tous, dans le monde entier, l’envie de déplacer ses pieds … »(Sanchez-Coll 2006)
Olavo Alén met l’accent sur l’héritage que le cha-cha-chá a reçu du danzón :
En fait, le cha-cha-chá semble être une variante du danzón. L’ancien maintient une structure très similaire à celle du danzón, car, en dépit de la distribution de la forme rondo [du danzón], il ne le fait que par une transformation interne des éléments mélodiques et rythmiques utilisés dans la composition de chacune de ses sections. Egalement dans le cha-cha-chá, la fonction interprétative de la flûte est conservée. Cela revient à dire que son rôle en tant que soliste et les caractéristiques de sa manière d’improviser dans les danzones réapparaissent dans le cha-cha-chá sans pratiquement aucune altération.
Un autre dette importante que le cha-cha-chá doit au danzón est la répartition des timbres de son instrumentation. Les mélodies des violons alternent avec celles de la flûte et celles de la voix de la même manière que celle qui avait été standardisée dans le danzón et le danzonete.
Le principal élément qui différencie le cha-cha-chá du danzón est la cellule rythmique qui donne son nom au genre. «Cha-cha-chá» est une représentation onomatopéique de deux battements rapides suivis par un plus long (deux croches suivies d’une noire).
Il est également significatif que le cha-cha-chá abandonne les éléments du son qui ont été incorporés dans le danzonete, et retourne à l’utilisation rigoureuse des éléments du style musical qui ont surgi et ont été développés dans le contexte de la famille du danzón.
Librement traduit et adapté depuis https://en.wikipedia.org/wiki/Cha-cha-cha_%28music%29